Et si tout s’effondre ?

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Et si tout s’effondre ?

Tout change, tout a une fin, on l’oublie souvent mais les problématiques chères aux hommes notamment environnementales ou sociétales ne sont rien au niveau de la Nature.
Les extinctions d’espèces, la pollution, les pandémies, la sur exploitation des ressources mettent en péril l’humanité et certain animaux mais aucunement la Nature.

Le Tao n’a rien à faire des hommes, des animaux, des plantes, ce ne sont que des processus suivant la voie. Des « chiens de pailles ».

Le « processus » Terre a aussi une fin, le soleil, tout est une question de temps et la perception du temps individuelle est très liée à notre propre durée de vie.

Nous sommes insignifiants et avec une fin, non seulement notre petite vie égocentrée, mais également l’ensemble de l’humanité et de l’activité humaine.

L’homme a les chevilles qui enflent et vie dans un grand dérapage incontrôlé.
Il se prend pour un grand Architecte maître du monde, mais cette idée de Dieu responsable est la preuve de la profonde limitation intellectuelle dont fait preuve l’homme.

Nous jouons depuis trop longtemps avec le Feu, sans en comprendre les conséquences, les animaux ont la sagesse de ne pas entraver la marche des choses.
Mais tout cela aussi est parfait, tous les possibles naissent du Tao.

Pourquoi tout semble déraper ? Car l’humanité est un processus qui finira par s’élever puis chuter comme toutes les vagues et choses issues du tao.

Chaque acte n’est ni bon, ni mauvais. Il n’y a rien de vert, rien de complètement « bon ».
Tout a un revers de médaille, aucune solution miracle.
Tirer la couverture du monde à vous et elle manquera ailleurs.

Alors, il faut savoir poser la loupe et voir l’immensité du monde, la place miniscule de l’homme dans tout ce joyeux bordel qu’est la vie.

Nous suivons le Tao, peu importe ce que nous pensons, ressentons ou nos concepts de bonté, les choses se déroulent toujours parfaitement.

Lâcher tout, admirer la perfection du monde.

Se retirer dans sa plénitude intérieure, voir le monde comme chien de paille du Tao.
Nous ne sommes que du charbon alimentant la fournaise du Tao.

Inutile, insignifiant, divaguant sans but, qu’elle joie.
Je trinque à la vie.

Photo Merci @ollivves

S’asseoir et oublier

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Cette pratique de méditation existe sous de nombreuses formes et adaptations et dans plusieurs mouvements spirituels.
Le Taoïsme a des atomes très crochus avec le Zen, et nous savons que des taoïstes pratiquaient régulièrement dans les temples bouddhistes chinois Chan et inversement.
D’ailleurs il suffit de lire le Shobogenzo de Dogen pour être saisi par ce besoin de distinguer la pratique Zen et du Taoïsme.
Cela témoigne de la similitude entre deux chemins philosophiques et pratiques pointant finalement une même voie ultime. Ces deux chemins finiront par créer deux religions ritualisées aux buts différents, au risque de s’éloigner de la simplicité philosophique initiale.
Comme l’explique Ray grigg dans son excellent ouvrage « Tao of Zen », pour lui le Zen est bien plus taoïste que bouddhiste dans son essence.
Et je partage grandement son analyse.

Retour au sujet initial... je vais donc parler de la méditation Taoïste assise qui consiste à s’asseoir et oublier, ou même s’asseoir et s’oublier. S’unir au Tao.

Il s’agit en fin de compte de la pratique de Zazen, en y enlevant la rigidité de la posture et les rituels.
Ainsi toutes postures confortables est acceptable ici, puis si des douleurs apparaissent il suffit de se lever et de continuer la pratique en marchant ou allongé.
Aucune violence dans la méditation taoïste, aucune lutte, aucun but.
D’ailleurs s’allonger et oublier, marcher et oublier me semble également la bonne définition de cette méditation refuge sans limite et disponible à chaque instant.

Une fois la posture trouvée, il suffit de concentrer son esprit sur un sujet quelconque : compter ses respirations, réciter un mantra, écouter les sons etc. pour l’apaiser.
Quand l’esprit devient paisible on peut lâcher peu à peu la technique et observer, jusqu’à l’oubli du soi et l’émergence de la paix profonde.

Voici en bref, la différence entre l’approche de la pratique du Bouddhisme Zen et du Taoïsme :

Quand un Bouddhiste pratique la méditation assise et que la somnolence le guette, il renforce sa concentration et son attention.
Quand un Bouddhiste pratique la méditation assise et que la douleur aux jambes surgit, il renforce sa concentration et son attention.

Quand un Taoïste pratique la méditation assise et que la somnolence le guette, il en profite pour faire une pause, dormir un peu et reprend plus tard.
Quand un Taoïste pratique la méditation assise et que la douleur aux jambes surgit, il se lève et va marcher un peu.

L’important dans la méditation est de cultiver la détente, la paix, la douceur de vivre et la légèreté.

Cet élan de tranquillité se diffuse ainsi naturellement dans la vie quotidienne, sans forcer.

Dans le Taoïsme, nous ne cherchons pas l’éveil, ni même un éveil involontaire, ni soudain.
Nous cherchons simplement la tranquillité, c’est pour cela que des maîtres bouddhistes ont qualifié la pratique taoïste comme incomplète car pour simplifier on se contente de samatha, de la paix de l’esprit, là ou un bouddhiste y voit la première marche vers l’éveil et l’obtention de la vision pénétrante.

Ce ne sont que des concepts, que des mots, le taoïsme embrasse l’état, le processus tel qu’il est, sans se soucier du pourquoi, ni s’efforcer à saisir les rouages du monde.

Qu’en est-il du dudéisme ?

Pour moi le dudéisme est simplement le nom d’une pratique moderne du taoïsme philosophique.

Photo Merci @annetnavi

De l’attente et la privation

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De l’attente et la privation

La première fois où j’ai essayé d’arrêter de fumer ce fut un échec et une grande source de souffrance à l’idée de ne plus jamais fumer de ma vie.

La seconde fois, j’ai réussi à arrêter grâce à une approche différente.
Et je me suis dit : Je vais attendre le maximum avant la suivante.
Je n’ai pas arrêté, j’ai juste attendu la prochaine, j’avais un paquet de tabac à la maison.
Résultat : c’était un jeu, j’ai tenu plusieurs années, j’étais un fumeur qui attendais en me laissant la possibilité de re-fumer si j’en avais envie.
J’ai re-fumé quelques mois par choix, puis j’ai re-arrêter depuis avec la même technique.
Les névroses et la tension sont à chaque fois arrivées le jour où je me suis considéré comme non fumeur ou quand je me suis interdit de re-fumer à vie.

Où je veux en venir ?
Quand on s’assoit en méditation il est beaucoup plus facile de dire à ces petits désirs de plaisir « plus tard » que « jamais ».

Aussi la privation me semble une route exacerbant la souffrance, là ou l’attente et la patience laisse le doux parfum d’un futur plaisir ou soulagement accessible.

Je préfère une vie ou mon mental me réclame des plaisirs, et gérer des « petits manques ».
Qu’une vie où mon mental se lamente et regrette des privations.

Le mental ne nous laissera jamais en paix, c’est son job.

La vie est belle, simple et légère en embrassant l’ensemble des choses.

La soif, l’insatisfaction, dukkha n’est pas un problème.
Au lieu de la dépasser dans l’ascétisme, je la dépasse dans la détente et en lui cédant des petits plaisirs sous contrôle.

Dans l’ascétisme on trouve une paix profonde et morne, puis on se persuade que c’est le bonheur ultime.
Dans le Dudéisme on trouve un bonheur volatile, pétillant et libre, par la détente et les plaisirs de la vie.

S’affranchir de la mort

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S’affranchir de la mort

Atteindre l’immortalité taoïste, le chemin est directement pointé par Epicure et d’une simplicité foudroyante : Vous ne connaîtrez jamais la mort.

« Prends l'habitude de penser que la mort n'est rien pour nous. Car tout bien et tout mal résident dans la sensation : or la mort est privation de toute sensibilité. Par conséquent, la connaissance de cette vérité que la mort n'est rien pour nous, nous rend capables de jouir de cette vie mortelle, non pas en y ajoutant la perspective d'une durée infinie, mais en nous enlevant le désir de l'immortalité. Car il ne reste plus rien à redouter dans la vie, pour qui a vraiment compris que hors de la vie il n'y a rien de redoutable. On prononce donc de vaines paroles quand on soutient que la mort est à craindre non pas parce qu'elle sera douloureuse étant réalisée, mais parce qu'à est douloureux de l'attendre. Ce serait en effet une crainte vaine et sans objet que celle qui serait produite par l'attente d'une chose qui ne cause aucun trouble par sa présence. »
Epicure -Lettre à Ménécée

On peut éventuellement encore redouter la future agonie ou encore la douleur de la maladie.
Or souffrir par anticipation est pure folie, comme l'a dit Bouddha.
Notre pouvoir d’action et responsabilité réside uniquement dans le présent.
Si la douleur et l’agonie se présentent, on s’en occupera afin d’éviter autant que possible de faire de ce moment une trop grande souffrance.
Voir au besoin de l’écourter si la loi s'humanise un jour et nous y autorise enfin.

Ainsi, sans discuter pendant des heures, la grande question de la mort est résolu sans détour, et n’est pas un problème.

J’aime cette vision nette et tranchante des choses, sans détour, sans illusion.

De la même façon que je m’efface, aussitôt que l’esprit sombre dans le sommeil.
Je m’effacerai aussitôt la mort venue.

Abide

Photo Merci Chevanon Photography

De l’attachement aux petits plaisirs

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Le Bouddhisme propose une voie de paix où la souffrance, et le bonheur artificiel issus de l’attachement aux désirs et plaisir sont dépassés.

Qu’est ce que la pratique de la méditation assise sinon l’établissement d’une paix profonde de l’esprit en méditant sur un point unique de concentration.
Je serai curieux de savoir « chimiquement » quel est l’effet au niveau cérébral de ce type de méditation, mais clairement on doit prendre des petits « shoot » d’hormones ou d’ondes cérébrales.

Aujourd’hui j’explore une approche, plutôt épicurienne voir taoïste de la problématique de l’attachement aux désirs et plaisirs.

La problématique est clairement ciblée : L’attachement, qu’on nomme dans sa forme la plus extrême « addiction » aux désirs et plaisirs est la source de notre souffrance et insatisfaction.

Le domaine est très vaste, l’attachement aux choses et aux personnes, à l’idée d’un soi permanent, ou encore à la vie .

Qu’elle est la bonne démarche, l’abstinence ? l’évitement ? La saturation ?
Autant d’écoles philosophiques et de courant de pensées qui finalement ne cherchent qu’une seule chose : le bonheur ou la paix.

Dans le Dudéisme, les détendeurs psychiques notamment chimiques ne sont pas rejetés, chacun fait comme il juge approprié, nous n’avons pas de préceptes, pas de guidelines comme dans le Bouddhisme par exemple.

Pour exposer ma brève expérience, tout se résume à la consommation occasionnelle d’alcool, la consommation classique de tabac sur plusieurs années et quelques joints dans ma jeunesse.
J’ai arrêté depuis plusieurs années la cigarette, car elle m’a offert de l’asthme.
Suivant le Bouddhisme de façon cyclique, j’ai souvent totalement stoppé ma consommation d’alcool pendant plusieurs mois.

Depuis quelques mois, j’ai repris plaisir à crapoter de façon très anecdotique sur une pipe et même quelques « joints » de cbd que je pourrais compter sur les doigts d’une main.

Avec le temps j’ai développé des névroses envers la consommation d’alcool et de tabac.
Si je fume, je culpabilise notamment en pensant au futur cancer que j’offre à supporter à mes proches et je pense à tous ceux qui se battent contre le cancer à cet instant.
Si je bois, je culpabilise en pensant aux dégâts liés à la dépendance débouchant sur la maladie alcoolique.
Si je ne bois pas, et si je ne fume pas, je trouve simplement cela absurde, comme se priver de saucisson, de fromage, de sucre, de sexe ou autre.

C’est irrationnel et sans fin.

La fin de ma vie est pourtant toute tracée, naturellement je vais tomber malade et mourir.
Soit le corps lâchera en premier, soit je perdrais d’abord la raison.
Sans oublier l’éventualité d’une mort plus directe et violente dont la vie a le doux secret.

Il me reste une voie à parcourir, qui est prôné par plusieurs Dudeistes et incarnée par le Dude dans le film :
Le lâcher prise dans la modération.

Je pense qu’Épicure avait trouvé une clef intéressante, tout est une question de dosage et de discipline.
Il faut s’observer comme un animal déviant et apprendre à se donner les petits plaisirs au compte goutte.

Se limiter, n’est pas se priver.
Je pense que la nuance est très importante.
Se priver crée une tension forte, se gaver créer des dépendances, des problèmes et également des tensions fortes.

Se réguler maintien une vigilance douce qui limite l’apparition des névroses.

D’ailleurs la modération s’applique à la fois au dosage, à la fréquence mais aussi au choix des éventuels détendeurs utilisés. Consommer des produits provoquant de fortes dépendances comme la cigarette, les drogues dures et autre me semble inapproprié car pour être modéré il faut préserver précieusement la possibilité de consommer ou non.

Cultiver et préserver une vision claire de soi-même pour ne pas sombrer dans l’excès, est une vraie discipline, un art, où la méditation assise sera d’une aide précieuse pour trancher nos illusions.

Je vais donc continuer ma route par ici, sans interdits, lâchant du lest mais en évitant les dérives avec discipline.
Santé, et Abide

PS : Pour décompresser après une dure journée à encaisser les caprices de nos pitchou épuisés, rien ne vaut un bon.nne [mettez_ce_que_vous_voulez].

Photo Merci @ron-lach

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